Le palais des voleurs / scénario, Joann Sfar ; dessin, Benjamin Chaud.

Série de bandes dessinées complètement déjantée dans laquelle on suit les péripéties rocambolesques d'Héliotrope, une adolescente habitant avec sa grand-mère alcoolique depuis l'incarcération de ses parents, des voleurs d'objets magiques. Dans ce deuxième opus, Baboushka répète à sa petite-fille "les mesures d'urgence post mortem" (p. 3) qu'elle doit suivre étape par étape si un malheur devait lui arriver. Alors qu'Héliotrope prend ses conseils à la légère, elle est confrontée à devoir se débrouiller seule lorsque sa grand-mère est victime d'un malaise et doit être hospitalisée. La jeune fille délaisse l'école temporairement afin de surveiller la maison contre les voleurs et se trouve fort dépourvue lorsqu'elle constate que le portail de celle-ci a mystérieusement disparu. Une quête s'installe sans tarder, au travers de laquelle vampires et personnages patibulaires s'immiscent. [SDM]

Un récit totalement décapant qui donne à voir des personnes au caractère singulier, à commencer par Héliotrope, dont le franc-parler est aussi surprenant que ses déclarations d'amour insistantes. La mamie alcoolique et bourrue, qui déjeune à la vodka-céréales et qui a les doigts rapides sur la gâchette de sa carabine contribue à créer une ambiance surréaliste et burlesque. À travers un langage familier, parfois même vulgaire, on observe des passages plutôt "adultes". C'est le cas notamment lorsque l'adolescente évoque "la colline du crack" (p. 14), qu'elle discute de littérature russe, ou bien qu'un cadavre provenant d'une "date Tinder" (p. 23) jonche le plancher. À diverses reprises, l'auteur s'adresse au lecteur, notamment en lui suggérant l'un de ses ouvrages ##Grand Vampire## ou encore lorsqu'il mentionne qu'il serait mal vu qu'Héliotrope ingurgite un peu de vodka puisqu'elle se trouve dans un livre jeunesse. Par le texte, rédigé en lettres cursives, et les illustrations de style caricatural aux traits abondants et aux couleurs vitaminées, les pages sont particulièrement denses et peuvent présenter un défi de lecture pour certains. On souligne au passage la détermination et l'impulsivité d'Héliotrope, qui nous fait vivre toutes sortes de rebondissements (parfois trop) au cours de sa quête. Un ouvrage destiné à un public mature âgé minimalement de 13 ans. [SDM]

J 4.