Léonard / scénario, Franck Thilliez ; dessin, Yomgui Dumont.

Esteban, Sarah, le professeur Angus et son fils, Tristan, qui est cloué à un fauteuil roulant, forment une famille en s'occupant de la clinique du sommeil et de la Brigade des cauchemars. Grâce à un dispositif expérimental, ils peuvent voyager dans les mauvais rêves des autres afin d'en détruire le contenu terrifiant et, le temps de ces songes, Tristan retrouve avec bonheur l'usage de ses jambes. Dans ce cinquième tome: la Brigade est enfin prête à entrer dans la tête de Léonard afin de sauver Alice, la mère de Tristan, qu'il garde enfermée dans son cortex depuis de longues années. Pour ce faire, la petite bande doit cependant affronter les pires cauchemars du jeune homme, dont l'histoire et le terrifiant passé se révèlent également alors qu'ils arpentent le labyrinthe tortueux de son esprit, qu'ils ne pourront quitter qu'en réussissant à décoder un message qu'a laissé Alice en s'inspirant de l'oeuvre de Lewis Caroll. Or, leur mission est fortement compromise par l'arrivée d'un groupe militaire ultrasecret, tout droit sorti du passé d'Albert, qui est bien décidé à s'emparer Morpheus, la machine à rêver, dont il compte se servir pour mieux manipuler la population... [SDM]

Une bande dessinée passionnante, entre mystères et sciences, dont les différents arcs narratifs se conjuguent dans une intrigue superbement orchestrée, qui lève ici le voile sur le contexte de création de la machine à rêver et sur les raisons pour lesquelles Léonard retenait Alice prisonnière, ces dernières apportant un nouvel éclairage au personnage tourmenté du jeune psychopathe. On y suit avec intérêt des héros qui paraissent de prime abord fragiles, mais qui s'avèrent être des passionnés du surnaturel, courageux, attachants, émouvants et remplis d'empathie, qui mènent des missions périlleuses en voyageant à travers des rêves comme on explore des pays inconnus. Le graphisme stylisé d'une belle richesse marie un trait souple à une palette mêlant encres charbonneuses et couleurs nuancées, ainsi qu'à un découpage serré rendant hommage aux débordements d'action du scénario. De quoi favoriser l'immersion dans l'univers lugubre, inventif et foisonnant de l'auteur, qui s'étoffe ici de quelques clins d'oeil à ##Alice au pays des merveilles##. Bien que ce titre marque visiblement la fin du premier cycle de la série, la chute prépare le terrain pour une nouvelle intrigue, alors qu'Alice affirme avoir bien travaillé pendant sa captivité et avoir en tête les plans d'une "nouvelle machine... pour un nouveau genre de voyage!" (p. 64). [SDM]

J 4.