Le mystère de la Roche pleureuse / adapté par Martine Latulippe ; illustrations de Catherine Petit.

Ce titre s'insère dans une collection visant à faire découvrir aux jeunes enfants les plus grands contes et légendes des quatre coins du Québec et d'ailleurs. Ici: en 1805, une jolie jeune fille, prénommée Louise, habite L'Isle-aux-Coudres. Chaque printemps, son amoureux prend la mer afin d'aller livrer du bois en Europe. Or, cette année, avant son départ, le dénommé Charles lui demande de l'épouser à son retour. Une proposition qu'elle s'empresse d'accepter. La joie au coeur, la belle fiancée passe les mois suivants à préparer le mariage, ainsi que le nid douillet où s'épanouira leur amour. Lorsqu'arrive septembre, Louise passe de longues heures assise sur la roche où elle a l'habitude d'attendre son fiancé, le regard fixé sur l'eau. Le temps s'égrène et aucun trois-mâts ne surgit à l'horizon. Au cours de l'hiver, c'est depuis la fenêtre de sa demeure que la jeune femme laisse son regard errer à l'horizon, consciente que plus aucune embarcation ne rentrera au port cette année. Et, le printemps suivant, elle verse toutes les larmes de son corps, assise sur le rocher où son père la trouvera un jour pétrifiée. Depuis, des gouttes d'eau suintent une à une de la roche, symboles de cette amoureuse éplorée, qui pleurera pour l'éternité son fiancé disparu... [SDM]

Un récit tout en sensibilité et en poésie, dont la musicalité et les multiples rimes rendent parfaitement justice à cette histoire d'amour romantique et tragique. Quelques adresses au lecteur ouvrent et closent le texte, qui est par ailleurs très bien servi par des aquarelles croquant la fiancée à la chevelure de feu dans les décors bucoliques du petit village charlevoisien dressé au milieu du fleuve. Fleurs aux coloris éclatants, bouleaux et petites bêtes égaient les tableaux printaniers et estivaux gorgés de lumière, qui soulignent efficacement l'allégresse des amoureux et l'espoir qui anime la jeune femme espérant le retour du jeune marin en observant des eaux dansantes aux superbes reflets bleus et verts. La grisaille s'invite toutefois dans ces paysages insulaires lorsque l'héroïne ne peut plus nier le terrible malheur qui s'est produit et qu'elle disparaît à son tour en laissant des fleurs fanées dans la cuisine de sa demeure typique des années 1800. L'auteure et l'illustratrice prennent cependant soin de clore l'album sur une note lumineuse, alors que deux fillettes font un énorme câlin à la roche de la belle Louise, qui continue à vivre dans le coeur des habitants de l'Isle, où son histoire se transmet de génération en génération. [SDM]

E+ 5.

Pour enfants de 3 ans et plus.