Histoires d'amour, de mort et d'humour / des nouvelles de Jocelyn Boisvert, Louis Émond, Jacques Lazure, Johanne Mercier, Robert Soulières.

Personne ne voit Claire / par Jocelyn Boisvert -- R.I.P. / par Jacques Lazure -- La Guéguenille / par Louis Émond -- La machine à mesurer l'amour / par Johanne Mercier -- Un cadavre au dessert / par Robert Soulières.

Recueil de cinq textes ayant été publiés séparément. ##Personne ne voit Claire##: Claire Côté a grandi en réclamant si peu d'attention que même ses parents ont fini par l'oublier, sa mère étant trop obnubilée par son apparence et son père par ses tactiques publicitaires pour s'occuper d'elle. Ainsi, l'adolescente réalise, un matin, qu'elle est littéralement devenue transparente. Atterrée, elle découvre cependant qu'elle peut communiquer par l'écriture, ce qui lui permet de venir en aide à un couple endeuillé, puis d'être sauvée à son tour par un camarade de classe aveugle... ##R.I.P.##: un adulte raconte comment, alors qu'il avait quinze ans et fréquentait assidûment le cimetière du village avec ses amis, il en est venu à la conclusion que son ami François ne s'était pas suicidé à la suite du décès d'Aniclaire. Cette dernière serait plutôt venue le guider vers la mort afin d'apaiser son chagrin, alors qu'il ne pouvait toujours pas supporter sa disparition accidentelle ayant eu lieu un an plus tôt. ##La Guéguenille##: tapie dans le sous-sol de la maison, une créature maléfique terrorise le jeune Louis: un pantin qui semble habité par la part maléfique de sa défunte grand-mère. Son frère et sa soeur imaginent un stratagème pour l'exorciser, mais on ne se débarrasse pas aussi facilement d'une Guéguenille! ##La machine à mesurer l'amour##: François Métivier est un inventeur de génie, qui a négligé sa petite amie pendant les six mois qu'a nécessités la mise au point de sa toute dernière création. Piquée au vif, la dénommée Jeanne met désormais en doute ses sentiments et lui réclame une preuve scientifique de l'amour qu'il lui porte. François s'enferme donc une fois encore dans son laboratoire afin de donner vie à une machine capable de mesurer l'intensité de l'amour et, par conséquent, de rassurer les coeurs angoissés. Mais cette nouvelle invention provoque toute une commotion dans le petit village... ##Un cadavre au dessert##: alors que l'inspecteur et son assistante Élisabeth partagent un souper en tête-à-tête au chic restaurant Boqué, une échauffourée a lieu dans les cuisines. C'est que Sacha le Saucier a avoué au chef Edgar qu'il éprouve des sentiments pour sa fille. Le chef prend mal cette nouvelle et voit déjà en son employé un possible usurpateur voulant s'approprier son restaurant. Le plongeur intervient pour les convaincre de cesser leurs enfantillages, mais le pire se produit... [SDM]

Un recueil de nouvelles et de romans de qualité inégale. Dans le premier récit, qui voisine le conte de par son atmosphère empreinte d'un mystère feutré et son flirt avec le fantastique, l'auteur mêle adroitement les genres et relate avec beaucoup de sensibilité la renaissance d'une jeune femme des plus attachantes, dont on ressent la poignante solitude, cette dernière n'étant certes pas étrangère au traditionnel mal-être adolescent. Boisvert exploite par ailleurs fort adroitement la métaphore de la vision pour démontrer, un peu comme Saint-Exupéry, que l'on ne voit bien qu'avec le coeur. ##R.I.P.##, un roman aux allures de nouvelle, brode quant à lui autour du suspense un climat étrange gothique inspiré des lieux que visitent quotidiennement les adolescents. L'auteur excède d'ailleurs dans cet exercice, qu'il étaye de trop nombreux détails fantastiques et scabreux. La chute, qu'on voit malheureusement venir bien qu'elle soit originale, apporte une touche surnaturelle à ce fait divers désolant. Dans ##La Guéguenille##, l'auteur exploite la peur de la cave pour broder un suspense riche en frissons, tandis que le récit suivant, narré d'une plume alerte et pétillante, porte un regard plein d'humour sur les relations amoureuses, ainsi que les incertitudes, déceptions, désillusions et doutes qui en découlent parfois, et ce, au rythme des aventures croisées d'une galerie de personnages truculents. Les rebondissements s'enchaînent alors au gré des jeux de mots, clins d'oeil (notamment à des expressions détournées), figures de style et dialogues endiablés conférant énormément de rythme à la narration. Dans le dernier roman, Soulières propose quant à lui un récit complètement loufoque, bourré de digressions et de quiproquos qui se veulent drôles. L'auteur s'amuse, emportant ses lecteurs dans son univers caricatural, décalé et distrayant. [SDM]

J+ 4.

Pour les enfants de 11 ans et plus.