Stella, qu'est-ce que tu fais là? 2 / Sandra Sirois.

Après une dizaine de rendez-vous avec une psychologue et un été merveilleux passé avec son amie Yasmine, Stella croit avoir enfin surmonté les traumatismes causés par les humiliations et les violences psychologiques répétées dont elle a été victime l'an dernier, mais le stress qui l'envahit en ce jour de rentrée en quatrième secondaire lui prouve le contraire. Dès que la cloche sonne, les mauvais souvenirs remontent, provoquant des crises de panique qu'elle tente tout d'abord de gérer avec l'huile essentielle d'orange douce offerte par sa voisine et, surtout, avec le Rivotril que son médecin lui a prescrit en lui recommandant de ne le prendre qu'en dernier recours en raison des risques de dépendance. Sa réserve de comprimés étant malgré tout rapidement épuisée, l'adolescente se tourne vers le cannabis que lui offrent Zoé et ses comparses, les élèves les plus populaires de l'école, dont elle a enfin intégré le groupe. Au grand dam de Yasmine, d'ailleurs, qui déplore leur mauvaise influence et se questionne sur leurs véritables motivations. Stella refuse cependant d'écouter ses mises en garde, trop heureuse de se rapprocher du beau Noah à qui elle trouve toutes les excuses du monde pour expliquer qu'il veuille garder leur relation secrète et qu'il n'ait jamais de temps à lui consacrer à l'exception des midis à l'école. Elle lui confie par ailleurs tout son argent de poche sans poser de question pour obtenir du "weed" qui ne contient que du CBD et qui ne comporte soi-disant aucun danger puisque certains médecins en prescrivent à leurs patients contre l'anxiété. Mais, est-ce bien le cas? [SDM]

Un roman réaliste et crédible, qui aborde avec justesse et sensibilité les troubles anxieux et les conséquences graves que peuvent entraîner le harcèlement et l'intimidation, notamment en milieu scolaire. Ceci à travers le regard et les tribulations d'une jeune adolescente de quinze ans, qui surnage par ailleurs dans un environnement familial instable depuis le divorce houleux de ses parents. Ainsi, alors que sa mère, encore très amère, gère difficilement les effets secondaires de ses antidépresseurs et tient des propos cruels à son endroit (en lui faisant notamment comprendre qu'elle considère le fait d'avoir sa garde comme une corvée qui la tue un peu plus chaque jour), son père développe de son côté de sérieux problèmes d'alcool. Livrée à elle-même, Stella rejette sa seule bonne amie et se retrouve entraînée dans une spirale dangereuse en raison d'une surconsommation de médicaments et de cannabis, qui la conduit à voler un peu d'argent à son père et à vendre un collier ayant pour elle une grande valeur sentimentale. Collier que lui a offert sa voisine, une Italienne sexagénaire et pleine de sagesse, qui tire au tarot et qui apporte une belle luminosité à son existence. Les failles du système de santé, où il faut attendre des semaines, voire des mois avant d'avoir accès à une thérapie sont brièvement dénoncées au fil du récit, qui expose de manière efficace les mécanismes de la dépendance et la manière dont elle s'installe peu à peu. Les symptômes des crises de panique, le choc post-traumatique, qui conduit les victimes à revivre leur agression, de même que les relations amoureuses toxiques sont également abordés dans une intrigue assez prenante, dont la chute est cependant un peu trop rapidement expédiée. On y évoque une résolution plutôt facile des problèmes de consommation de l'héroïne après une crise de paranoïa qui l'a conduite à l'hôpital, ce qui l'amène à affirmer que sa véritable médication sera dorénavant les exercices de pleine conscience et de respiration qu'elle refusait de faire. Ceci tandis que ses parents surmontent leurs propres épreuves. Ville-Émard sert de cadre à cette lecture rythmée par de brefs chapitres de trois à cinq pages. [SDM]

J 4.