Les soeurs Grémillet. 2, Les amours de Cassiopée / scénario, Di Gregorio avec la collaboration de Barbucci ; dessin & couleur, Barbucci ; traduit de l'italien par Camille Paul-Singeot.

Comme tous les ans, les soeurs Grémillet vont passer les grandes vacances chez leur grand-mère, qui habite la campagne. Or, cette fois, Cassiopée est aux prises avec des sentiments mitigés, le bonheur de retrouver sa grand-mère étant terni par l'impression d'avoir laissé une partie d'elle-même sur le quai de la gare, où elle a dit au revoir à Ulysse, son amoureux. Les questions qui papillonnent dans sa tête et les tiraillements qu'elle éprouve sont d'autant plus lourds à porter qu'elle ne peut les partager avec ses soeurs, si différentes d'elle. En effet, alors que Sarah, son aînée très terre-à-terre, semble avoir un coeur de pierre, Lucille, la benjamine, pour qui tout est encore si simple, est beaucoup trop jeune pour la comprendre et ne pense qu'à apprivoiser les animaux. Comme si ce n'était pas assez, dès son arrivée à destination, Cassiopée retrouve son ami Olivier, qui semble la draguer et la fait sentir vivante. Un choix douloureux s'impose, mais comment y parvenir sans avoir de regrets? Les confidences faites à sa grand-mère, qui perd un peu la mémoire et semble revivre de grands souvenirs de jeunesse, lui mettront du baume au coeur, tout comme l'enquête qu'elle mène avec ses soeurs afin de percer le mystère des ruines de la vieille église, dont la cloche sonne, même en pleine nuit. Enquête mettant en lumière la légende d'une jolie demoiselle et de ses amours contrariées avec un chevalier en laquelle se reconnaît Cassiopée... [SDM]

Une bande dessinée proposant une intrigue simple, mais superbement ficelée donnant à plonger dans l'univers d'une fratrie terriblement attachante et criante de vérité. Les premières amours, les doutes et questionnements existentiels, et les choix douloureux à faire entre les amourettes de vacances, les coups de foudre et les relations plus stables sont au coeur de la trame, qui donne à retrouver les trois héroïnes aux caractères complémentaires et bien nuancés. Héroïnes qui s'unissent par ailleurs afin de résoudre un nouveau mystère auquel on apporte, encore une fois, une explication rationnelle. La complicité intergénérationnelle et les pertes de mémoire associées à la vieillesse (qui sont au final bien contrôlées par des médicaments) sont également abordées avec justesse et sensibilité au fil des pages, ces dernières étant illuminées par l'émotivité et le romantisme de Cassiopée, ainsi que la fraîcheur et la candeur de la benjamine. Ceci jusqu'à la finale qui révèle que les doutes font partie de la vie et que le coeur, même s'il s'égare parfois, retrouve toujours sa route, tandis que "rien de ce que l'on aime ne se perd complètement." (p. 65). La poésie, le romantisme et le lyrisme omniprésents sont sublimés par le graphisme d'une grande douceur et d'une élégance indéniable, qui traduit parfaitement la personnalité des trois soeurs, campées dans des décors truffés de vie et de détails. Réalisés dans de lumineuses tonalités à dominante pastel, ces tableaux permettent de s'imprégner du charme bucolique de la campagne, de l'ambiance des vacances estivales où le temps semble parfois se suspendre et de la beauté légèrement inquiétante que revêtent les ruines à la lueur de la lune. Un parfum de nostalgie apporté par les souvenirs de la grand-mère souffle également sur ce tome, qui intègre les lettres envoyées par Cassiopée à son amoureux, dont les ratures révèlent avec force les non-dits et tourments. Un petit bijou à la lecture duquel les jeunes s'identifieront aux protagonistes, tandis que les plus vieux se laisseront envahir par une tendre mélancolie. [SDM]

E++J+ 5.