Le loup en [slip] passe un froc / scénario, Wilfrid Lupano ; dessin et couleurs, Mayana Itoïz ; avec la participation amicale et artistique de Paul Cauuet.

Dans le titre, le mot "slip" est réprésenté par son image.

Après des vacances passées à l'extérieur, Loup rentre dans sa chère forêt pour découvrir que tous les habitants portent désormais le même slip que lui! Son slip rayé rouge et blanc, dont des affiches placardées aux quatre coins des bois font désormais la promotion: "Je suis unique avec le slip Dulou®". Écureuils, lapins, ratons laveurs, chevreuils et volatiles, tous ont adopté ce sous-vêtement avec lequel ils peuvent "enfin être eux-mêmes". Révolté de constater que ces pâles copies ne sont ni en laine, ni tricotées, ni même chaudes, le canidé se débarrasse de sa culotte et se met en quête d'une nouvelle façon d'exprimer son unicité. Un pantalon emprunté à la hâte à un épouvantail et le voilà devenu le loup en froc! Seulement, ce nouveau vêtement ne lui convient pas tout à fait. Réussira-t-il à faire la paix avec lui-même? [SDM]

Une nouvelle aventure savoureuse de ce canidé au grand coeur, qui renoue au final avec son slip adoré après une discussion avec la sage Dame Chouette, qui lui rappelle que "ce n'est pas le slip qui fait le loup". Le temps que le héros mène sa petite quête identitaire, les choses ont le temps de bien changer dans la forêt, où le slip Dulou® est rapidement remplacé par le short Dulapin®. Une critique intéressante et espiègle de la publicité, de la mode éphémère, du conformisme, de la consommation et de la mondialisation s'esquisse ainsi au fil du récit, qui met également en lumière le rejet et les railleries dont sont victimes les moins bien nantis, qui n'ont pas les moyens de se payer les vêtements dernier cri. Ceci à travers la présence d'un renardeau que ses camarades traitent de nul et mettent au ban de la société parce qu'il n'arbore pas le slip à la mode. Jeux de mots, rimes, allitérations et autres figures de style nourrissent ce récit qui est donc, une fois encore, mené avec une intelligence pétillante. Le texte, très court et expressif, est disséminé ici et là dans une présentation à mi-chemin entre l'album traditionnel et la bande dessinée. Aquarelles et crayonnés y donnent vie, dans des décors foisonnants, à un bestiaire anthropomorphisé aux mimiques et postures caricaturales délicieuses. Un opus réussi, qui s'inscrit dans la droite ligne des autres titres de la collection. Soulignons la présence d'un peu d'argot français dans les dialogues, qui confèrent sa saveur au récit. [SDM]

E+ 5.