Fake, fake, fake / Zoë Beck ; traduit de l'allemand par Nelly Lemaire.

Traduction de: Edvard, mein Leben, meine Geheimnisse.

Edvard, jeune Allemand de quatorze ans, espère que sa vie s'arrêtera brutalement avant la rentrée des classes, sans quoi il devra de nouveau subir les railleries quotidiennes de Henk en raison de sa puberté latente. En attendant, ses parents le contraignent à terminer ses vacances en leur compagnie sur une ferme bio établie la côte Baltique. L'horreur! Entre les crises d'allergies et les activités de découverte qui lui sont imposées, l'adolescent profite de l'occasion pour étoffer le faux profil qu'il s'est créé sur Facebook dans le but de séduire Constance, une camarade qui le rejette sous sa véritable identité. C'est donc sous celle de Jason, un Américain en échange scolaire, qu'Edvard réussit à créer des liens virtuels avec celle qui fait battre son coeur. Or, lorsque cette dernière insiste pour avoir son numéro de téléphone, Edvard juge que la situation devient de plus en plus compliquée à gérer et décide d'y mettre un terme en annonçant la mort de Jason. Il n'avait toutefois pas prévu que son mensonge (élaboré autour d'une soi-disant erreur médicale) créerait un véritable raz-de-marée... Parallèlement, il prend peu à peu sa vie en main grâce aux amitiés qu'il noue avec Karla, une camarade de classe arborant un look plutôt masculin parfaitement assumé, et avec Daniel Tannenbaum, un vieux voisin astrophysicien menacé d'expulsion, auquel il souhaite venir en aide... [SDM]

Un roman réaliste prenant la forme du journal intime d'un adolescent mal dans sa peau, qui s'invente une nouvelle identité (et même une famille entière!) sur Facebook dans l'espoir de séduire la fille la plus populaire et superficielle de l'école. Les événements s'échelonnent de la fin août à la fin septembre, alors qu'Edvard trouve enfin le moyen de régler ses problèmes (et ceux de son sympathique voisin par la même occasion) en exploitant la "mort" de Jason, dont les milliers d'amis virtuels sont prêts à se mobiliser pour lui rendre un dernier hommage. On regrette à ce titre que la supercherie très soigneusement élaborée par le héros (pourtant très bien intentionné) ne soit jamais remise en question et devienne même le point d'orgue d'une chute plutôt amorale qui ne donne lieu à aucune mise en garde contre les dangers et dérives possibles des réseaux sociaux. Tout comme le harcèlement scolaire, ces derniers ne servent en fait que de toile de fond à une intrigue pimentée d'un humour pétillant, qui relate la lente acceptation de soi d'un jeune homme sensible et altruiste, autour duquel gravitent des personnages délicieusement colorés et excentriques, de Karla à ses parents idéalistes dont le passé bohème n'est pas très loin. La douce folie ambiante contribue à racheter les petites lacunes de ce roman qui aborde avec une légèreté rafraîchissante les aléas de la vie d'adolescent (premiers émois sexuels, beuveries qui se terminent par un douloureux lavage d'estomac à l'hôpital, relations avec les parents) et véhicule de bonnes valeurs, avec son émouvante histoire d'amitié intergénérationnelle et de solidarité. [SDM]

J+ D.