Maman veut partir : roman / Jonathan Bécotte.

Prenant la forme d'un recueil de poésie, de par son texte découpé en courtes lignes évocatrices, parfois rimées, centrées sur la page, ce roman réunit des souvenirs très vifs de l'enfance du narrateur, qui expriment les moments heureux et douloureux passés aux côtés de sa mère. Fils unique, garçon timide qui ne parle pas beaucoup, mais qui trouve de la beauté dans les petites choses de la vie (les croûtes de pain conservées au congélateur pour nourrir les canards au parc, les moindres gestes de sa mère lorsqu'elle parle au téléphone, le linge étendu sur la corde qui prend l'aspect de fées plus ou moins bienveillantes...), le narrateur brosse par petites touches le portrait de sa vie de famille, jusqu'à ce moment où il fouille dans l'armoire de ses parents pour découvrir les traces invisibles laissées au stylo à bille dans un cahier aux pages déchirées: "Je ne suis pas heureuse, mais ce n'est pas de leur faute" (p.108). S'enclenche alors de subtils changements dans la dynamique familiale, qui présagent le divorce, avant que la mère, après être partie une première fois, revienne vers son mari et son fils pour leur annoncer un tout autre départ: elle est atteinte d'un cancer incurable. [SDM]

Un roman poignant à la fois simple et mélancolique, qui offre un bouquet de souvenirs bien choisis permettant de suivre la lente et subtile transition entre la joie et la tristesse d'un jeune garçon qui, malgré son impuissance à retenir sa mère, réussit à dépeindre les sentiments aussi affligeants que le deuil et la solitude avec une amertume si douce qu'elle génère nécessairement une lueur d'espoir pour tout enfant en mal de mère. [SDM]

J 5.