La louve / texte de Clémentine Beauvais ; illustré par Antoine Déprez.

À l'aube d'un hiver qui s'annonce particulièrement rude, un homme vole la vie d'un louveteau afin de confectionner un manteau chaud à sa fille, Lucie. Comment aurait-il pu se douter que l'animal était en fait la fille unique d'une sorcière, mi-humaine, mi-louve, qui exige désormais qu'on lui rende son enfant avant que ne fonde la colombe sculptée dans la glace qu'elle a faite parvenir au chasseur? Faute d'obtenir satisfaction, la petite Lucie dépérira et mourra à son tour. Alors que les adultes projettent de tuer tous les loups et de raser la forêt pour anéantir la sorcière, une jeune orpheline prénommée Romane mobilise ses copains Momo et Louis afin de tromper la sorcière en lui faisant croire qu'elle est la fille qu'elle a perdue. Revêtant la peau du louveteau, elle affine son rôle et perfectionne de jour en jour son imitation jusqu'à ce que la louve la reconnaisse enfin et lève la malédiction en lui permettant à elle, Romane, d'intégrer une vraie famille... [SDM]

L'envoûtant parfum des légendes anciennes souffle sur ce superbe conte contemporain au fil duquel les frissons, le spectre de la mort et la peur du loup cèdent peu à peu le pas à une touchante histoire d'amitié, d'entraide, de générosité, de métamorphose et de sacrifice de soi. Sacrifice qui n'en est pas vraiment un puisque la transformation en loup acceptée par la petite orpheline lui permet au final de goûter à l'amour d'une mère. Une métaphore filée avec énormément de sensibilité qui illustre par ailleurs l'adaptation que nécessite, pour tous les êtres impliqués, l'adoption d'un enfant. L'atmosphère ténébreuse et captivante qui baigne l'ensemble est quant à elle sublimée par des crayonnés raffinés et des peintures stylisées qui jouent avec brio des plans et des cadrages afin d'ajouter à l'intensité du récit. Plongée et contre-plongée, plans rapprochés de la louve qui plante ses yeux jaunes dans ceux du lecteur, mur peint d'un orangé vibrant sur lequel pend la peau du loup ou panoramas faisant ressortir la fragilité des personnages minuscules qui se découpent dans les décors enneigés d'un petit village sis sur une souche d'arbre reliée au reste de la forêt par un pont se succèdent au gré de ce voyage débordant d'émotion dans un univers onirique original et enveloppant. À savourer dès 7 ans. [SDM]

E+ 5.