Ma vie avec un saumon fumé / texte, Catherine Trudeau ; illustrations, Maurèen Poignonec.

"Il était une fois mon mal de ventre. Celui que j'ai attrapé après avoir avalé tout rond un morceau de restant de reste de saumon fumé, laissé sur le comptoir de la cuisine. [...] Celui qui m'a sauté dessus sans avertir en pleine classe le mercredi matin, quand Madame Sophie nous a annoncé fièrement: C'est aujourd'hui que vous présentez à la classe votre jouet favori! [...] Celui que j'ai reçu en cadeau à la fête de Flavie [où il y avait des tas de gens que je ne connaissais pas]." Simon est un enfant anxieux, dont "le mal de ventre marche toujours main dans la main avec des tas de questions" nées de son imaginaire débordant, qui s'emballe au zoo, à la garderie, au parc ou au lac. Il n'est pas facile de stopper la spirale infernale dans laquelle il est alors entraîné... [SDM]

Un petit bijou, qui exprime avec énormément de justesse et de sensibilité le ressenti des jeunes (et moins jeunes) anxieux, dont l'imagination s'emballe pour un oui ou un non dans mille et une situations du quotidien. L'auteure enchaîne les métaphores magnifiquement trouvées afin de traduire la détresse et le mal-être de son adorable petit héros, et ce, tout en démontrant la manière dont sa maman, une amie ou une enseignante contribuent à l'aider à apaiser ses peurs et ses angoisses par leur écoute, leur empathie, leurs mots doux et leur main tendue. Autant de baumes, qui viennent s'ajouter aux exercices de pleine conscience et de respiration auxquels Simon recourt pour stopper le tourbillon qui s'agite en lui en fermant les yeux et en laissant entrer et sortir l'air de son corps, en gonflant sa "petite bedaine douce". Ou encore en s'adressant à ses peurs dans sa tête et en refusant de leur accorder l'ascendant sur lui. "Oui, oui, ça ira. Puisque vous êtes là." (p. 48) C'est sur ces paroles adressées par Simon aux gens qu'il aime que se termine le récit porteur d'espoir, qui distille de nombreux trucs pour apprendre à gérer son anxiété de manière efficace. La douceur enveloppante auréolant le texte, qui est agréablement rythmé par des structures et formules répétées, est sublimée par des aquarelles rebondies et expressives, rehaussées à la plume et au crayon. L'illustratrice traduit magnifiquement les sentiments du petit rouquin aux lunettes rondes, dont la phobie est personnifiée par un adorable poisson rondouillet, arborant joues roses et lunettes bleues, qui semble lui coller à la peau. Réalisés dans une palette lumineuse et chaleureuse, ces tableaux fourmillants de vie contribuent par ailleurs efficacement à dédramatiser les angoisses de Simon en donnant vie, avec une touche d'humour et de fantaisie, à sa tendance à imaginer toujours le pire, ce qui donne lieu à des scènes finalement cocasses. Un outil merveilleux pour apprivoiser l'anxiété et apprendre à affronter ses peurs, qui s'ouvre sur une très belle dédicace: "À toi, chez qui l'anxiété a fait son nid. Transforme-la en oiseau." [SDM]

E+ 5.

Pour enfants.