Cigale / Shaun Tan ; traduit de l'anglais (Australie) par Anne Krief.

Cigale travaille dans une immense tour de bureaux en tant qu'employé de saisie de données depuis 17 ans. Même s'il n'a jamais commis de faute depuis tout ce temps, il n'a jamais eu de promotion puisqu'il n'est pas un humain, qu'il n'a pas besoin d'argent. Il se voit ainsi interdire l'accès aux toilettes du bureau, doit rester plus tard que les autres pour finir le travail et se fait maltraiter par ses collègues, qui le croient bête. Au moment de sa retraite, il part sans remerciement après avoir nettoyé son bureau et, sans travail, sans maison et sans argent, Cigale se rend jusqu'aux limites du toit... [SDM]

Un album sombre dont le texte est dépourvu de déterminants, de prépositions et de conjonctions, ce qui donne une étrange impression de primitivisme. En même temps, on souligne les injustices du monde du travail auxquels les employés au bas de l'échelle font face, l'insecte pouvant représenter n'importe quel groupe social dénué de privilèges pour une raison ou une autre. Le traitement cruel auquel il doit se plier est ainsi troublant et les peintures uniquement composées de teintes de blanc et de bleu gris, hormis la tête verte de la cigale, amplifient ce sentiment d'inhumanité. La métamorphose de l'insecte en bête rouge et volante donne lieu à bien des interprétations quant à la morale de ce récit atypique, à réserver aux lecteurs capables de mettre celle-ci en perspective. [SDM]

E 3.