Panache. 1, Léthargie / Sylvain Hotte.

Sa mère étant décédée alors qu'il était encore tout jeune, Alex, quinze ans, habite avec son père et sa tante dans un village de la Côte-Nord. Sa petite vie tranquille, qui tourne essentiellement autour des entraînements de hockey et de la pêche à la truite, bascule le soir où un accident de quatre-roues le conduit à la demeure de Robert Pinchault, un ivrogne qui habite avec son fils dans des conditions très précaires. Pour la première fois ce jour-là, Alex fait la rencontre de Jessie, qui est venue séjourner temporairement chez son père et son frère le temps que sa mère se refasse une santé dans un centre de désintoxication. L'adolescent tombe immédiatement sous le charme de cette jeune fille, qui accapare dès lors toutes ses pensées. Pour se rapprocher d'elle, Alex s'efforce de surmonter son dégoût et de se lier d'amitié avec son frère, Stéphane, un passionné d'insectes au comportement très inquiétant. Le jeune homme ne tarde pas à découvrir que le quotidien de sa bien-aimée est loin d'être rose et qu'il devra s'en détacher s'il ne veut pas définitivement mettre en péril son destin de hockeyeur professionnel... [SDM]

Mécanique, hockey, chasse, quatre-roues, "show de boucane" et autres ingrédients reconnus pour plaire à un public masculin sont ici réunis dans une trame au rythme lent, narrée dans un registre familier qui inclut de nombreux anglicismes. Si l'auteur semble avoir voulu faire de son roman une quête initiatique pimentée de mystère, ses personnages manquent nettement de profondeur et la trame souffre de digressions et de trop nombreux stéréotypes. Les protagonistes sont en effet, tous autant qu'ils sont, accablés par le malheur: la tante d'Alex apprend au final que son nouveau copain est marié et qu'il a deux enfants, son père encaisse son premier chèque d'aide sociale après avoir perdu son emploi dans la seule industrie papetière de la région (qui allait d'ailleurs à l'encontre de son identité autochtone et de son envie de protéger la forêt), Stéphane est interné dans un institut psychiatrique (notamment pour avoir torturé des animaux) et Jessie, qui se dit alcoolique, retourne simplement chez sa mère. L'avenir sourit toutefois à Alex, qui fera le camp d'entraînement national de hockey et qui se rapproche enfin de son père et de ses racines autochtones. Mentionnons finalement une coquille qui a échappé à l'oeil du réviseur (page 27, on aurait dû lire "tout juste" et non "tout jute") et les clichés tissant le portrait de ce village provincial, dont les habitants sont majoritairement présentés comme souffrant de graves problèmes et où les matchs sont joués devant des "soûlons" qui s'arrosent avec de la bière. Un roman qui amalgame très maladroitement les genres. [SDM]

J 3.