Lumière / Gabrielle Delamer.

La vie de Blair est désormais dépourvue de Lumière. Lumière, c'était le nom que l'adolescent de 14 ans avait donné à Kenneth Mac O'Seannaig, son grand-père qui aimait raconter, écouter, les étoiles, le hockey, le soleil, la chaleur. Auprès de lui, il se sentait regardé et compris, alors qu'il n'a jamais pu éprouver une telle symbiose avec sa mère, qui l'assomme d'obligations et de silences sur "son terrible vécu", le contraignant à se nommer Alexandre, à passer l'aspirateur et à oublier un certain John Beck, qui aurait été son père à une époque révolue. Blair a alors un plan: pour renouer avec Lumière, seule étoile de sa vie, il ira dans quatre ans répandre ses cendres dans sa contrée natale, en Nouvelle-Écosse. Mais ses sentiments étouffants pour Monsieur Franz, son professeur aux sourires-lumières et aux cheveux bien peignés, précipitent les choses, au moment où il apprend que ce dernier aurait une femme. S'entourant de secrets à demi-révélés et de rituels de sorcellerie, l'adolescent se rendra jusqu'au bout d'une quête improvisée, mais nécessaire, où le noir de son existence sera balancé dans les vagues pour lui permettre enfin de revivre. [SDM]

Un roman bref, mais poignant, dont toute l'intensité des émotions d'un adolescent incompris - et de plus en plus isolé - est transcendée par un double deuil, soit celui découlant de son chagrin d'amour face à son professeur et celui survenu lorsque des forces obscures ont emporté son grand-père. Des thèmes puissants traversent ainsi cette remise en question, touchant la masculinité dans un contexte où les hommes sont non seulement absents, mais littéralement exorcisés, la relation mère-fils carburant à des sentiments en façade, et surtout, l'opposition entre l'ombre et la lumière, cette dernière, tout comme l'espoir, finissant toujours par briller au terme des plus douloureuses épreuves. [SDM]

J 5.