Qui a fait quoi? / Carine Paquin ; illustrations de l'intérieur, Manuella Côté.

Jade est confinée à la maison pour une semaine parce qu'elle est contagieuse et boutonneuse. Désespérée d'être aussi isolée, elle crée une conversation de groupe destinée à lui permettre de rester en contact permanent avec ses trois meilleures amies (Lou, Juliette et Rébecca), qu'elle incite à texter sur les heures de classe. Or, rien ne se passe comme prévu: madame Pascale les surprend à de multiples reprises et confisque les téléphones pour la journée en plus de réclamer une rédaction à Jade en guise de punition. Et voilà que, le lendemain, Rébecca se fait dérober son cellulaire par un élève mystérieux, qui décourage la petite bande de le dénoncer en menaçant d'envoyer à toute l'école la photographie du popotin boutonneux que Jade a envoyée à ses amies pour les faire rigoler. Les filles mènent leur enquête afin de découvrir l'identité de cet intimidateur, qui prend par ailleurs un malin plaisir à leur signifier qu'il les espionne en leur envoyant des photos qu'il a prises d'elles. Les enquêtrices peuvent compter sur le soutien du beau Noam, qui en pince pour Jade, afin d'élucider ce qui s'avère être une histoire de vengeance... [SDM]

Un roman qui tisse un suspense totalement rocambolesque et surfait autour d'une malheureuse histoire de vol de cellulaire, de vengeance et d'intimidation. Les rebondissements invraisemblables se succèdent dans une trame creuse, qui révèle finalement que le mystérieux harceleur est un camarade de classe des filles, qui souhaitait les punir à la suite d'un malentendu survenu au camp de vacances l'année précédente. On déplore que les protagonistes demeurent souvent impunis pour leurs agissements fort répréhensibles, qui ont ainsi tendance à être banalisés. À titre d'exemple, les jeunes filles ne sont pas démasquées lorsqu'elles déclenchent l'alarme d'incendie de l'école afin de récupérer un cellulaire dans le bureau du directeur. Le récit est par ailleurs narré sur un ton ultraléger, dans une succession de télémessages insipides et plats, que l'on a rédigés dans des phylactères toujours précédés du portrait de l'émetteur. Le tout pimenté de blagues et d'un humour au ras des pâquerettes que l'on retrouve également dans les petits mots de l'auteure-narratrice qui ouvrent chaque chapitre afin d'offrir un mince contexte à la conversation à venir, bien que ces introductions prennent également souvent la forme de tranches de vie passées ou d'anecdotes sans intérêt: "Savais-tu que Noam peut toucher le bout de son nez avec sa langue? Très peu de gens sont capables de faire ça. Petit conseil: arrête d'essayer de l'imiter, les gens près de toi vont penser que tu leur fais la grimace ou, pire, que tu essaies de manger tes crottes de nez! Continue plutôt de lire cette histoire la bouche fermée!" (p. 105). Une détente peu édifiante, qui pourra accessoirement stimuler une mince réflexion sur ces photographies que l'on prend et envoie à tort et à travers sans songer qu'elles peuvent se retrouver entre des mains mal intentionnées. L'ensemble se termine sur une petite note moralisatrice, par la rédaction de Jade, qui exprime son repentir tout en énumérant les raisons pour lesquelles il ne faut pas texter en classe. [SDM]

E++ 3.