La craie rose / texte, Lili Chartrand ; illustrations, Marion Arbona.

Réédition. Bien qu'aucun cadeau n'ait été déposé sur le seuil de sa porte en ce matin de Noël, le coeur de Léa est à la fête: sa maman a enfin réussi à quitter, pour quelques précieux instants, le lit où une maladie la cloue depuis de longues semaines. Tandis que la fillette savoure les câlins partagés, un garçonnet prénommé Jill déballe une boîte de craies à deux rues de chez elle en songeant à l'envie qu'elles susciteront chez ses compagnons de classe. Or, le lundi, rien ne se passe comme prévu: Jill, qui refuse de partager son présent, voit ses compagnons se détourner rapidement de lui. Furieux, il s'apprête à jeter dans le caniveau la craie rose, la seule qu'il lui reste, lorsque Léa le prie de la lui donner. Le gamin regarde de haut les ongles noircis et les vêtements en lambeaux de son interlocutrice avant d'esquisser un sourire maléfique et d'exiger un bijou en échange. À sa grande surprise, Léa accepte et lui remet un morceau de cristal rouge (sans lui dire qu'elle l'a trouvé dans les poubelles du magasin général)! Alors que Jill rentre chez lui, convaincu de l'avoir roulée, la jeune fille entreprend de mettre un peu de couleur dans la chambre tristounette de sa maman. Et, contre toute attente, le papillon rose qu'elle y dessine prend vie pour se poser sur le coeur de la malade, qui s'éveille soudain avec les joues et les yeux teintés d'une magnifique lumière... [SDM]

Pas de sapin ni de vieillard à la barbe blanche dans cet album néanmoins empreint de l'esprit des Fêtes. Au fil des pages se tisse en effet un émouvant éloge de la bonté et du partage à l'état pur à travers la destinée d'une fillette au coeur d'or, qui se dévoue corps et âme à sa maman sans jamais rien demander en retour. À côté de cette figure angélique, le monstre d'égoïsme qu'est le garçonnet, qui ne voit dans le cadeau qu'il a reçu que l'occasion d'exercer sa suprématie sur son entourage, n'en apparaît que plus bête et cruel. L'onirisme, la chaleur humaine et la magie qui auréolent le récit sont magnifiquement épousés par les graciles aquarelles réalisées dans une palette de brun, de beige doré et de sépia qui plantent le décor dans un petit village d'antan. Les volutes et délicates éclaboussures disséminées ici et là ajoutent encore à la légèreté de ce véritable baume pour le coeur qui nous ramène aux véritables valeurs. [SDM]

E+ 5.