#murder / Gretchen McNeil ; traduit de l'anglais (États-Unis) par Florence Chevalier.

"Tuer, poster, recommencer"--Couverture.

Réédition. Au terme d'un procès truqué, Dee Guerrera (17 ans) est reconnue coupable du meurtre prémédité de sa demi-soeur et envoyée à Alcatraz 2.0, une île artificielle érigée dans la baie de San Francisco, où les condamnés à mort sont traqués par des tueurs approuvés par le gouvernement afin de divertir les États-Unis. Le tout est en effet retransmis dans le cadre d'une émission de téléréalité chapeautée par le Postman, qui diffuse 24 heures sur 24 la vie des détenus jusqu'à leur exécution. En attendant cette dernière, les prisonniers évoluent dans les décors d'une petite ville qui semble on ne peut plus normale, où ils sont contraints de travailler pour gagner de quoi se nourrir. Alors qu'elle a toujours refusé de regarder ce cirque ignoble, Dee se retrouve elle-même sous l'oeil constant du public, qui la suit jusque dans la douche. Et, elle est parfaitement consciente que le meilleur moyen de sauver sa peau consiste à gagner le coeur des téléspectateurs, dont les bourreaux excentriques cherchent à recueillir les votes pour mousser leur popularité et dorer leur ego. Au coeur de cette folie, la jeune femme se remémore son enlèvement, survenu 8 ans auparavant, et la promesse que lui avait faite sa ravisseuse avant de la laisser partir. Celle de tuer les gens qu'elle aimait si elle révélait ce qui s'était passé. Ce qu'elle avait justement fait quelques semaines auparavant. Et si les deux événements étaient liés? Réussira-t-elle à survivre et à identifier le véritable meurtrier de sa demi-soeur tout en voyant clair dans le double jeu de ses certains de ses codétenus? [SDM]

Un thriller coup de poing, qui explore les dérives de la télévision et des réseaux sociaux en instaurant un suspense à glacer le sang, construit autour d'une émission de téléréalité qui transforme la peine capitale en un spectacle grotesque, tandis qu'une application permet à tous les citoyens de suivre et de commenter en direct la vie et l'exécution des détenus, mais également de faire des paris sur le temps qu'il leur reste à vivre. Les bourreaux rivalisent quant à eux d'inventivité sordide afin de mettre en scène des meurtres à grand déploiement et ainsi séduire les fans qui les adulent en justifiant leur soif de sang sous prétexte que les prisonniers sont d'odieux criminels qui ne méritent pas de vivre. Les morts cruelles et violentes, décrites de manière explicite, se succèdent ainsi à bon rythme dans un simulacre de pièce de théâtre ignoble où tous jouent le rôle stéréotypé que le Postman leur a assigné: Dee, la princesse de contes de fées des temps modernes, Ethan, le sportif, Griselda, l'aguicheuse énervée, Blair, l'aventurière téméraire et fougueuse, Nyles, le geek européen. Un petit souffle de ##Hunger Game##, poussé à son paroxysme, souffle donc sur cette dystopie qui captive et rend mal à l'aise à la fois, et ce, tout en exploitant la violence dont elle dénonce la banalisation. On regrette un peu de ne pas en savoir davantage sur le fameux Postman et sur les bourreaux, tandis que les révélations qui se succèdent dans le dernier quart du récit (en établissant des liens entre le kidnapping de l'héroïne, le meurtre de sa soeur et sa condamnation pour meurtre) peinent à convaincre. Un roman néanmoins très prenant, qui s'adresse aux lecteurs avertis. [SDM]

J++ 4.