La nuit du cadavre / Myriam Vincent ; illustrations de Marie-Joëlle Fournier

"Horreur"--Couverture

Insomniaque, Daphné, 15 ans, a pris l'habitude de s'échapper secrètement de chez elle au milieu de la nuit pour aller se balader dans les rues paisibles de Contrecoeur avec son amie Camille. Or, cette fois, leur escapade nocturne au parc Cartier-Richard tourne au drame lorsqu'elles découvrent, sur les berges du fleuve, le cadavre en partie décomposé d'un individu désormais méconnaissable. Terrifiées, les deux copines rentrent chez elles en se promettant de ne rien dire à quiconque, mais sont hautement soulagées lorsqu'elles apprennent que le corps a été retrouvé par les policiers le lendemain. Seulement, l'horreur ne s'arrête pas là puisque Daphné est poursuivie par le fantôme du défunt où qu'elle aille. Croyant d'abord être victime d'hallucinations, l'adolescente est amenée à revoir de manière drastique sa conception de la frontière qui sépare notre monde de celui de l'au-delà, et ce, au contact de Mathilde, une élève gothique dont la famille s'intéresse au surnaturel depuis des générations. Or, le fantôme auquel elles sont confrontées n'a rien d'ordinaire et rien ne va plus lorsque trois autres cadavres sont retrouvés à l'école... [SDM]

Un roman d'horreur résolument glauque, imaginatif et d'une grande intensité, qui captive les lecteurs dès les premières pages. Possession, rituels occultes, fantôme assoiffé de vengeance et meurtres en série tissent en effet une intrigue très bien ficelée au cours de laquelle Daphné, Camille et Mathilde se retrouvent engagées dans une lutte cauchemardesque contre des forces maléfiques. D'une plume efficace et parfaitement maîtrisée, l'auteure recourt à une mythologie fantomatique assez traditionnelle et indépendante de toute croyance religieuse tout en élaborant une classification de spectres dont certains ont le pouvoir d'affecter de différentes façons les gens qu'ils hantent que ce soit, par exemple, en attisant leur colère, en exacerbant leurs peurs ou en les conduisant au suicide. La tension et le suspense vont ainsi crescendo au fil des brefs chapitres, truffés de révélations étonnantes, tandis que l'ambiance anxiogène est adroitement renforcée par l'insertion de pages noires et d'illustrations en noir et blanc plus suggestives que terrifiantes. Il en va cependant autrement du texte, qui ne ménage pas le lecteur en multipliant les descriptions très graphiques de cadavres et de fantômes à la fois mutilés et en putréfaction. Les nouveaux liens d'amitié unissant Daphné et Camille à solitaire Mathilde, rejetée en raison de son excentricité, confère toutefois une source de lumière à cette lecture de grande qualité, à l'image des autres titres de la collection. C'est en se serrant les coudes et en s'écoutant les unes les autres que les héroïnes attachantes progressent et surmontent leurs propres blessures (tout en résolvant au passage la disparition d'une adolescente survenue 5 ans auparavant), alors que la mère de Mathilde (la seule à pouvoir leur venir en aide) est retenue ailleurs, ce qui les force à se débrouiller seules. Une lecture qui s'adresse à des lecteurs avertis de 13 ans et plus en dépit du "11 ans et +" qu'affiche la quatrième de couverture. [SDM]

J+ 4.

Pour les jeunes de 11 ans et plus.