Prends un numéro! / texte : Tania Baladi ; illustrations : Audrey Malo

Un matin comme tous les autres, Lièvre quitte son terrier pour faire sa balade quotidienne en forêt. Mais, surprise, son élan est freiné par une nouvelle procédure: avant de pénétrer dans les bois, les randonneurs doivent prendre un numéro et attendre leur tour. Blaireau, Renard ou encore Louve viennent notamment grossir la file qui s'allonge d'heure en heure et les esprits s'échauffent tandis que les bêtes frustrées imaginent tout ce que cette situation des plus absurde les empêche d'accomplir. D'autant plus que le numéro affiché sur l'écran n'a pas bougé une seule fois et que le soir est près de tomber... [SDM]

Une histoire d'accumulation bourrée d'humour, qui pourra nourrir une réflexion aux accents philosophiques très intéressante sur l'attente, la patience et l'obéissance aux règles qui nous entourent. Le calme des bêtes est ici mis à rude épreuve, alors qu'Écureuil et Taupe se font un devoir d'arrêter tous les passants et de les forcer à se conformer à ce qui est indiqué sur le panneau, arguant que cela a forcément une raison d'être. Une affirmation que contredit la finale pleine d'espièglerie où l'on voit deux travailleurs humains réaliser qu'ils ont installé leur matériel au mauvais endroit sans prendre la peine de le déplacer. "T'inquiète, personne ne s'en rendra compte!", affirme l'un d'entre eux. Le soir venu, tous les animaux rentrent chez eux, non sans avoir partagé un bon moment en se racontant des anecdotes autour du pique-nique que partage Renard avec eux, démontrant par le fait même que le temps passe plus vite en bonne compagnie et qu'il vaut mieux trouver de quoi s'occuper lorsque nous sommes confrontés à une situation désagréable plutôt que de se laisser envahir par la colère. Un petit bijou, dont le texte, pimenté de formules répétées qui rythment le temps qui passe, est essentiellement constitué de dialogues que l'on a intégrés aux illustrations de synthèse finement esquissées à l'encre noire et colorées en aplats aux coloris toniques. Le bestiaire anthropomorphisé d'une grande expressivité s'y anime tantôt sur des fonds de couleurs vives, tantôt dans un petit coin de forêt jonché de pancartes et de flèches installées par des humains, mais dans un cas comme dans l'autre, leurs moues et leurs postures éloquentes prêtent à sourire. [SDM]

E+ 5.

Pour enfants de 3 à 11 ans.