Pas orange / Giorgio Volpe ; Paolo Proietti ; traduction de Christiane Duchesne.

Texte de Giorgio Volpe, illustrations de Paolo Proietti.

Son oeuf ayant éclos loin des siens, au beau milieu de l'immensité immaculée de l'Antarctique, Pallino le manchot est recueilli par un ours polaire prénommé Tomo, qu'il considère comme son papa. Au fil des saisons, l'oisillon apprend la vie auprès de son mentor, qui le sensibilise par ailleurs à la beauté du monde et de ses couleurs: le blanc de la banquise, le gris de sa fourrure, le bleu de l'eau, le jaune des étoiles ou encore le rouge de l'algue marine. Le jour où il sait enfin nager, pêcher et se défendre, Tomo décrète sans enthousiasme qu'il est désormais assez grand pour faire les choses par lui-même et que le temps est venu pour lui de voir l'orange: celui du bec des manchots qu'ils aperçoivent au loin. Pallino reverra-t-il son ami, sans qui les couleurs semblent perdre tout leur éclat? [SDM]

Une histoire débordante d'amour, de tendresse et de sensibilité dans laquelle se rejoignent deux animaux particulièrement attachants, qui habitent les pôles diamétralement opposés de la planète. Or, comme le souligne l'auteur lors du mot de la fin, "tout est possible quand il s'agit d'amour, d'amitié... et de fiction!" (p. [29]). La douceur, la délicatesse et la beauté du texte sont sublimées par les tableaux qui se déploient gracieusement sur les entières doubles pages. Mariant aquarelle et doux crayonnés, ces compositions catapultent tout d'abord le lecteur sur une banquise tout en camaïeux de blancs et de gris sur laquelle souffle le blizzard. Au milieu des flocons se dessine soudainement la silhouette d'un ours, qui entoure de son immense silhouette chaude et douce le minuscule manchot livré à lui-même. Les couleurs égaient peu à peu la vie des deux comparses, alors que le lecteur ébahi découvre, en même temps que le protégé de l'ursidé, le bleu de l'océan serpentant entre les glaciers immenses et celui des cieux hivernaux piquetés d'étoiles, puis le jaune du soleil printanier et les algues rouges au milieu desquelles les héros prennent leur bain. Beauté et émotion illuminent chacune des pages de cet album profondément émouvant où l'on ressent par ailleurs intensément le déchirement et la solitude de Tomo et de Pallino lors de leur séparation. Séparation nécessaire, qui ne sera heureusement pas éternelle. Après avoir renoué avec ses origines, l'oiseau choisira en effet de revenir vers celui qui lui a tout appris: "Ce jour-là, j'ai pu le dire: je connaissais toutes les couleurs" (p. [27] affirme le petit héros, narrateur de l'histoire, en retrouvant les bras douillets de son ami. Un petit bijou sur l'adoption, la connaissance de soi, la quête de ses racines, l'amour paternel et la vie, tout simplement. [SDM]

ME+ 5.

Jeunes.