Timinou / texte de Caroline Barber ; illustrations de Marianne Pasquet.

Timinou est le chat de race bien élevé, gentil et poli d'une gentille vieille dame prénommée Madeleine. Seulement, il en a plus qu'assez de jouer les bibelots, de porter des fanfreluches, de poser pour des magazines et de subir les désagréables séances de bisous des amies distinguées de sa maîtresse! Assoiffé de bagarres dans les poubelles, de chapardage chez le poissonnier et de flirts avec les jolies chattes du quartier, il élabore un plan en cinq étapes destiné à faire de lui Le Balafré, le caïd des ruelles. Dans le confort de l'appartement où il est désespérément confiné, le voilà donc qui s'entraîne à se servir de ses griffes, à maîtriser l'art du camouflage, à éviter les pièges et les embûches (le monstrueux aspirateur, le tourbillon infernal de la sécheuse, l'oiseau de la peur qui jaillit de l'horloge!), à habituer ses papilles à des mets inconnus (la confiture, la chantilly, la mayonnaise) et à développer un vocabulaire de rue (en écoutant des dialogues en argot). Mais franchira-t-il véritablement le seuil de la porte? [SDM]

Un album qui relate la savoureuse quête d'émancipation d'un chat de maison assoiffé d'aventure, qui est prêt à tout pour se libérer de la maîtresse bourgeoise qui l'opprime en faisant de lui un bibelot qu'elle exhibe fièrement devant ses copines et dans les magazines afin d'assouvir son besoin de reconnaissance. Ce qui fait de cet adorable et craquant félin le porte-parole de tous ces enfants transformés en icônes de la mode à qui on demande de jouer le rôle de petites bêtes parfaitement dressées et sages comme des images. La chute, qui voit le héros coiffé d'un oeil de pirate ouvrir la porte de l'appartement en invitant le lecteur à le suivre à l'extérieur, est toutefois un peu décevante, puisque muette sur la manière dont se déroule son épopée dans le vaste monde, où tout n'est forcément pas comme il se l'était imaginé. Le récit n'en demeure pas moins hautement sympathique et se lit comme une belle invitation à prendre sa vie en main et à tout mettre en oeuvre pour réaliser ses rêves les plus fous, même si cela implique le fait de décevoir un proche. Les tableaux de Pasquet, qui marient croquis, collage et peinture avec une grande expressivité, sont quant à eux un bonheur pour les yeux et subliment l'humour du texte en jouant avec brio sur les perspectives (le gros plan sur le visage des vieilles dames plissées en quête de bisous est désopilant!) et en campant le félin stylisé dans le décor surchargé d'un appartement meublé à l'ancienne, que viennent rehausser papiers peints aux fleurs vieux rose et tentures à pompons. [SDM]

E+ 4.