Le fil d'Alphée / Marie-Andrée Arsenault et Dominique Leroux.

Texte de Marie-Andrée Arsenault, illustrations de Dominique Leroux.

Claire habite les Îles-de-la-Madeleine avec ses parents et son petit frère. Alphée, sa soeur aînée, est partie étudier sur le continent en lui promettant de revenir pour les grandes vacances. Pour la consoler, elle lui a confié sa boîte à broder, remplie de "matériel à confectionner les trésors" (p. [15]). Lorsqu'elle découvre une hirondelle blessée sur le rivage, la fillette transforme cet écrin en un nid douillet pour le volatile et, tandis que les marées emportent l'été, sa maman lui coud une pochette à bandoulière pour qu'elle puisse transporter avec elle les précieux objets d'Alphée. Les saisons défilent... Alors que son papa s'acquitte de son rôle de gardien de phare, Claire veille sur sa protégée tout en exploitant le matériel légué par son aînée dans la création de mille et un joyaux rendant hommage à la nature qui l'entoure... [SDM]

À l'occasion du 150e anniversaire de deux phares des Îles-de-la-Madeleine, la Corporation pour la sauvegarde du patrimoine demande aux deux créatrices de créer un nouvel ouvrage s'inscrivant dans la lignée de leur magnifique album ##Des couleurs sur la grave##. Cette fois, c'est en puisant dans des témoignages de femmes (filles, soeurs, mères) ayant grandi près des phares que le duo livre un hommage vibrant à la beauté des paysages insulaires, et ce, tout en témoignant de la vie de leurs habitants. Une vie bercée par le ressac, et rythmée par les arrivées, les départs et le fil des saisons. La vie est douce et riche en émerveillement pour la fillette, qui souffre cependant aussi d'une certaine solitude depuis le départ de sa soeur, dont elle attend le retour en reproduisant les constellations sur ses murs, en brodant ou en fabriquant des colliers avec des "larmes de sirène" (du verre poli) récoltées sur les plages que les vagues ont couvertes de joyaux. Les différentes humeurs de la nature et les tâches saisonnières du gardien de phare se dévoilent par ailleurs en filigrane de cette tranche de vie enfantine pétrie de douceur où se fait également entendre l'appel du large qui anime les habitants de ce coin de pays reculé où "même la peinture rêve de liberté" (p. [17]) et où les fils de fer retiennent [les] phares, mais pas les êtres capables de rêver." (p. [45]) La finesse, la sensibilité et la poésie du texte, ciselé avec une précision d'orfèvre, trouvent leur parfait écho dans les tableaux qui se déploient sur les entières doubles pages en mariant collages de papiers déchirés, photographies, broderies, tissus, papiers peints ou encore peinture afin de donner vie à des scènes joliment texturées et parfois fragmentées, où les rêveries et l'imagination de la fillette, croquée dans ses différentes activités artistiques, voisinent avec paysages côtiers dominés par un phare où les autres membres de la famille font quelques apparitions furtives. Les roses, bleus et orangés, qui se font tour à tour tendres et plus vifs suivant le passage des heures et des saisons, illuminent ces compositions pleines de mouvement, dont la beauté est sublimée par le généreux format à l'italienne, réalisé sur un papier épais de grande qualité. Un petit bijou artistique. [SDM]

E 5.

Pour enfants de 6 à 12 ans.