Lucie sous la lune / Margaut Shorjian.

Envoyée contre son gré dans une colonie de vacances, Lucie, 13 ans, fait preuve de désinvolture et est complètement désinvestie dans les activités qui lui sont proposées. L'adolescente tourmentée tisse des liens avec Mona, une autre campeuse, avec qui les escapades nocturnes secrètes dans la forêt apportent un peu d'apaisement. Ces rendez-vous intimes donnent lieu à des confidences et font poindre toutes sortes de questionnements chez Lucie, qui ne peut plus réprimer sa nature profonde et doit avouer ses sentiments à sa nouvelle amie... [SDM]

Comptant les jours avant son retour à la maison, telle une prisonnière, Lucie n'éprouve aucun plaisir à pratiquer l'escalade, jouer au loup-garou ou écouter des histoires d'épouvante autour d'un feu. Son caractère taciturne transparaît d'ailleurs dans son visage et tout particulièrement dans ses sourcil, qui sont froncés presque en permanence. Se questionnant sur son orientation sexuelle, allant même jusqu'à faire des recherches Internet où des résultats pornographiques apparaissent (sans qu'aucune nudité soit dévoilée), l'adolescente est troublée et ne sait pas comment gérer cette autorévélation. Les sentiments inavoués qu'elle éprouve apparaissent sous les traits d'un loup-garou, tapi dans l'ombre, lorsque des rapprochements surviennent avec Mona. Par ailleurs, les discussions entre Lucie et son moniteur de camp concernant l'âge adulte, de même que la relation avec une co-chambreuse plus jeune illustre bien la zone grise de l'adolescence, où la construction de l'identité peut parfois être confrontante. Lucie prend la décision de révéler ses sentiments à Mona, une scène émouvante qui s'achève sur un baiser consensuel. Dans un camaïeu de bleu minéral tirant sur le gris, les illustrations stylisées dépeignent à merveille ce passage tumultueux qu'est l'adolescence. [SDM]

J 4.