Voyage au centre de la Terre. Volume 1 / de Jules Verne ; scénario, Rodolphe ; dessin, Patrice Le Sourd.

"Récit complet en deux volumes"--Page 4 de la couverture.

Axelle est la nièce du fameux professeur Lidenbrock, un spécialiste mondialement réputé de géologie et de minéralogie, qui occupe une chaire à l'université de Hambourg. Même si ce dernier regrette profondément de ne pas avoir plutôt hérité d'un neveu, il n'en laisse pas moins la jeune femme la seconder dans ses travaux en tant que secrétaire, clerc et "garçon" de course. Aussi Axelle est-elle aux premières loges lorsque le scientifique découvre, chez un libraire, un manuscrit ayant appartenu à Arne Saknussem, l'un des plus grands savants du 16e siècle! Lidenbrock est d'autant plus excité par sa trouvaille que le bouquin renferme un message codé, rédigé sur un vieux parchemin, qu'il met toute la nuit à traduire: "Descends comme moi dans le cratère du Yocul de Sneffels, que l'ombre du Scartaris vient caresser avant les calendes de juillet, et tu parviendras au centre de la Terre". Ni une ni deux, le scientifique organise une expédition en direction du Sneffels, un volcan islandais éteint depuis des décennies, dont le sommet de 5000 pieds est dissimulé sous une calotte neigeuse. Travestie en garçon, Axelle (rebaptisée Axel) l'accompagne dans cette expédition aussi improbable que périlleuse... [SDM]

Une adaptation en deux tomes de ce grand classique de Jules Verne, qui entraîne les lecteurs dans les entrailles d'un volcan islandais sur les traces d'un minéralogiste et géologiste pour qui cet univers souterrain est évidemment riche en trouvailles fascinantes. Tout en respectant globalement l'intrigue de ce récit d'aventures (qui est également l'un des tout premiers romans de science-fiction), Rodolphe se permet quelques libertés, notamment en choisissant de remplacer le neveu de Lidenbrock par une nièce, ce qui suscite au passage une petite réflexion sur les contraintes qui étaient imposées aux femmes du 19e siècle. Axelle, héroïne déterminée, curieuse et allumée, qui ne manque pas de remettre en question certaines affirmations de son oncle, assure la narration du récit, qui est superbement porté par des aquarelles délicatement rehaussées à la plume. Les héros, personnifiés par d'adorables léporidés anthropomorphisés, y évoluent dans des décors victoriens finement travaillés et légèrement steampunk, qui témoignent des inventions apportées par la révolution industrielle en donnant à visiter quelques villes portuaires européennes avant de s'engager dans les abysses terrestres auxquelles les minéraux brillants de mille feux confèrent une touche de féerie. Une histoire d'amour naissance entre Axelle et Hans, le guide islandais qui a tôt fait de voir au-delà de son déguisement, pimente cette adaptation très réussie, déclinée dans un gaufrier classique, dynamisé par quelques mouvements de grille, et une colorisation d'une grande sobriété où les noirs, gris et sépia sont illuminés par quelques touches de couleur. Une bande dessinée tout public au scénario épuré, qui constitue un beau tremplin vers l'oeuvre originale, résolument plus dense. [SDM]

J 4.