Le loup en [slip] dans Cache-noisettes / scénario, Wilfrid Lupano ; dessin et couleurs, Mayana Itoïz ; avec la participation amicale et artistique de Paul Cauuet.

Dans le titre, le mot "slip" est réprésenté par son image.

Alors que Noël approche à grands pas, l'heure est à la fête et aux emplettes au coeur de la forêt, où un marché a été dressé spécialement pour l'occasion. La noisette, transformée ou non, est à l'honneur à chacun des kiosques, où on fait la file pour acheter de savoureuses gourmandises, et ce bien que certains commerçants profitent de cet engouement pour gonfler leurs prix. Après avoir cuisiné toute la journée, le loup en slip se glisse sous l'édredon en déposant sur sa table de nuit le hibou casse-noisette que lui a offert madame la Chouette. Mais, voilà qu'un milieu de la nuit, la petite créature s'anime et l'incite à le suivre jusqu'à la forêt interdite. Essayant d'oublier les "chocottes" (personnifiées par de petites créatures) qui s'agitent dans tout son corps, le héros se met en marche et découvre qu'une armée de souris et d'autres espèces forestières travaillent jour et nuit afin de récolter les fruits de noisetiers croisés avec des baobabs. Ceci pour le compte d'un terrifiant rat mécanique que le loup est bien décidé à vaincre en prenant la tête d'un mouvement de révolte... [SDM]

Une nouvelle aventure savoureuse de ce canidé au grand coeur, qui met un terme à l'esclavagisme subi par des dizaines de souris en instiguant un grand soulèvement contre le robot exploiteur. Une ode à la liberté et une dénonciation du capitalisme, de la surproduction et des pratiques douteuses qu'emploie l'industrie agroalimentaire pour accroître son rendement (entre exploitations de la main-d'oeuvre, manipulations génétiques et emploi de pesticides dévastateurs pour l'environnement) sont également au menu de ce récit endiablé, qui revisite au passage le célèbre ##Casse-Noisettes##, grand classique du temps de Fêtes par excellence. Jeux de mots, rimes, allitérations et autres figures de style nourrissent ce récit qui est donc, une fois encore, mené avec une intelligence pétillante, bien que l'ensemble soit un peu moins approfondi qu'à l'habitude. Le texte, très court et expressif, est disséminé ici et là dans une présentation à mi-chemin entre l'album traditionnel et la bande dessinée. Aquarelles et crayonnés y donnent vie, dans des décors foisonnants, à un bestiaire anthropomorphisé aux mimiques et postures caricaturales délicieuses. Un opus réussi, qui s'inscrit dans la droite ligne des autres titres de la collection. Soulignons la présence d'un peu d'argot français dans les dialogues, qui confèrent sa saveur au récit. [SDM]

E+ 4.