Défense d'entrer! Filles. 4, Dieu grec / par Caroline Héroux en collaboration de Catriona Larouche.

Journal intime dans lequel Amélie, dite Mélie, relate les aléas sans gravité qui pimentent son quotidien d'adolescente entre grandes amitiés, insupportables rivalités, émois amoureux et, surtout, relations familiales tissées de moments de tendresse, de colère, de complicité et de querelles qu'elle partage avec une maman très stricte et un peu sorcière (qui devine tout et sait s'amuser à ses heures), un papa bienveillant et des jumeaux de neuf ans aussi casse-pieds qu'adorables, sans oublier Charles-Olivier, dit Lolo, un garçon de neuf ans qui prend plaisir à la provoquer et à la faire sortir de ses gonds. Un chien prénommé Frileux vient compléter cette famille tissée serrée. Dans cet épisode, cette dernière emménage momentanément chez les parents de William à la suite de l'effondrement d'une partie du toit du domicile familial. Troublée par l'attirance réciproque qu'elle éprouve toujours envers l'ami de son jeune frère, Mélie décide de se changer les idées en mentant à sa mère et en assistant à une fête organisée chez son amie Valou. Or, les festivités tournent au cauchemar lorsqu'elle accepte un verre d'alcool (son premier à vie) et le boit un peu trop rapidement de crainte de "passer pour un bébé" (p. 59) aux yeux d'un invité au physique de dieu grec, et ce, même si ce dernier ne lui mettait aucune pression. L'adolescente est morte de honte le lendemain matin lorsqu'elle se rappelle à quel point elle a été malade et s'est ridiculisée auprès de celui qu'elle voulait charmer. Le jeune homme, qui a cette fois trois ans de plus qu'elle, propose cependant de la revoir et Mélie se retrouve au coeur d'un triangle amoureux qui la draine de son énergie à l'approche du bal de fin d'année... [SDM]

Une chronique pleine de vie, qui reprend le scénario de la série originale narrée par Lolo, mais du point de vue de Mélie, une adolescente plutôt attachante, qui est, de son propre aveu, dramatique et insécure. Parfois impatiente, elle sait également reconnaître ses torts et voue une affection sans bornes aux jumeaux, qui savent comme l'attendrir, alors que Lolo joue fermement avec ses nerfs. Ce qui ne l'empêche pas, ici, d'accompagner ce dernier dans un voyage scolaire à Québec afin de veiller sur lui pendant qu'il se remet d'une appendicite. La narration, très près de l'oralité, respire encore une fois le vécu: ce qui n'a rien de surprenant puisqu'elle découle d'une collaboration entre l'auteure et sa fille, dont la complicité pleine de tendresse illumine d'ailleurs les pages. Transcriptions de courriels, de "mots dièses" ("hashtags") et de dialogues, jeux typographiques, polices et tailles variées des caractères, mots raturés, petits dessins et mise en page éclatée évoquant celle d'un véritable journal intime viennent dynamiser le texte aéré, qui est rédigé en noir et orange fluo (ce qui nuit à la lisibilité de certains passages), dans un style simple et vivant. Quelques écarts langagiers pimentent cette lecture facile et distrayante, qui s'échelonne ici des mois de janvier à juin, et en filigrane de laquelle s'esquisse le portrait vivant d'une famille unie bien sympathique. Soulignons que ce nouvel opus, contrairement aux précédents, aborde des thèmes plus près des 16 ans de l'héroïne, qui envoie des applications au cégep, connaît sa première beuverie (ce qu'elle se reproche à elle-même en plus d'être punie) et voit son coeur balancer entre deux garçons avec lesquels elle a une différence d'âge de 3 ans (l'un est plus vieux, l'autre plus jeune). Une discussion avec sa mère à propos de William est ici l'occasion de stipuler clairement qu'un tel écart est très important à l'âge qu'ils ont et qu'il ne serait pas éthique qu'ils se fréquentent, même si Will est grand et mature pour son âge. [SDM]

J+ 4.