Lucien / Sabine du Faÿ.

Lucien, 13 ans, est né de père inconnu et sa mère, toxicomane, est internée depuis six ans. Depuis ce moment, Lucien ne l'a pas revue et a été ballotté entre différentes familles d'accueil. L'histoire commence alors qu'il vient de fuguer. M. et Mme Chouraki, chez qui il est placé à ce moment-là, s'occupent de lui sur le plan alimentaire et matériel, mais Lucien ne sent pas, à son égard, plus de considération que s'il était un objet. Après la fugue, Lucien va faire deux rencontres déterminantes: Marc Lamy, pédopsychiatre, qui prend en consultation l'adolescent et qui réussit à lui redonner progressivement confiance en lui; et un petit chien blessé que Lucien nomme Mistral et qui sera le déclencheur pour un nouveau changement de famille d'accueil. Si le processus est long et chaotique (de foyers de groupe en passant par une proposition de famille d'accueil plus qu'inquiétante), c'est finalement une solution idéale, pour retrouver un espoir de vie de famille, qui sera trouvée. Après le roman, une entrevue d'une vingtaine de pages avec le docteur Pierre Courbin, psychiatre et pédopsychiatre parisien spécialisé dans la prise en charge de jeunes délinquants, est retranscrite. [SDM]

Ce court roman brosse le portrait d'un enfant fracassé par son histoire familiale. Un père inconnu, une mère toxicomane vivant avec des problèmes de santé mentale l'ayant amenée, à l'issue d'une énième crise, à être internée. Son fils a dû être pris en charge par les services sociaux. Placé dans différentes familles d'accueil, Lucien a le sentiment de n'être qu'un objet que l'on déplace et dont on se plaint. N'ayant jamais cessé d'aimer sa mère et n'ayant aucune rancune à son égard, l'adolescent tente de fuir sa réalité, en vain. C'est la rencontre avec un pédopsychiatre, que le lecteur apprend à connaître tant dans sa pratique que dans sa vie quotidienne (en voiture, en souper chez des amis), qui lui redonnera confiance en lui et en l'avenir. S'il est intéressant de suivre les pensées de l'adolescent, seul et incompris, ainsi que l'impuissance des intervenants autour de lui, et du potentiel détecté rapidement chez Lucien par le médecin, en revanche le dénouement semble trop rapide et trop facile. Comment se fait-il qu'après sept ans à passer d'une famille à l'autre, c'est seulement maintenant que la tante est approchée pour prendre son neveu sous son toit? Et, de surcroît, cette dernière accepte de s'occuper de l'adolescent, du chien et de sa soeur malade. Le lecteur peine à y croire. Les chapitres courts et le texte richement dialogué en font un roman facile à lire. En revanche, l'entrevue avec le docteur Pierre Courbin intéressera davantage les lecteurs plus âgés et les adultes. [SDM]

J 3.